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Shoghi Effendi : Dieu passe pres de nous - Partie 4 - Chapitre 26
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Source : www.bahai-biblio.org
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DIEU PASSE PRES DE NOUS
Shoghi Effendi
Source : www.bahai-biblio.org

4ième Période: Début de l'âge de formation de la foi, 1921-1944

CHAPITRE XXVI: Examen rétrospectif et perspectives d'avenir

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Ainsi se termina le premier siècle de l'ère Bahá'i, époque qui, par sa sublimité et sa fécondité, est sans parallèle dans toute l'histoire religieuse, et en fait dans les annales du genre humain. Un processus dirigé par Dieu, doté de puissances virtuelles illimitées, opérant de façon mystérieuse, générateur de châtiments terribles pour tous ceux qui cherchent à entraver son cours, extrêmement riche de promesses pour la régénération et la Rédemption de l'espèce humaine, avait pris naissance à Shiráz, et sa vitalité s'était accrue progressivement à Tihrán, Baghdád, Andrinople et 'Akká. Il avait franchi les mers, il avait projeté son influence régénératrice sur l'Occident, et au cœur de l'Amérique du Nord, il avait manifesté, de façon évidente, les premiers effets de sa force merveilleuse et vivifiante pour le monde.

Du cœur de l'Asie, il avait surgi, se hâtant vers l'Ouest, avait accéléré sa course irrésistible jusqu'à entourer la terre d'une auréole de gloire. Mis en marche par le fils d'un marchand de tissus de la province de Fàrs, réformé par un noble personnage de Nùr, renforcé par les exploits de celui qui avait passé les plus belles années de sa jeunesse et de sa vie d'homme en exil et en prison, ce processus avait atteint son épanouissement triomphal le plus évident chez un peuple dont le pays était situé à l'opposé du globe par rapport à son pays d'origine. Il avait repoussé tous les assauts dirigés contre lui, renversé toutes les barrières s'opposant à son avance, abaissé tout adversaire orgueilleux cherchant à miner sa force, et avait soulevé jusqu'au faîte d'un inconcevable courage les plus faibles et les plus humbles de ceux qui s'étaient levés pour servir d'instruments volontaires à sa puissance révolutionnaire. Des luttes héroïques et des victoires sans égales, entremêlées d'horribles tragédies et de châtiments exemplaires, ont formé la trame de son histoire, vieille d'un siècle.

Une poignée d'étudiants de l'Ecole shaykhi, née de la secte ithnà'ashariyyih de l'islám shi'ah, s'était agrandie sous l'influence de ce processus, se transformant en une communauté mondiale étroitement unie, lucide, vivante, consacrée par le sacrifice d'au moins vingt mille martyrs. De caractère supranational, ni sectaire ni politique, revendiquant le statut et assumant les fonctions d'une religion mondiale, développée dans les cinq continents et les îles, avec des ramifications dans soixante Etats souverains et dix-sept dépendances, pourvue d'écrits traduits en quarante langues et largement répandus, cette communauté exerçait un contrôle sur des dotations qui représentaient plusieurs millions de dollars, et un certain nombre de gouvernements d'Orient et d'Occident l'avaient reconnue.

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Unanime dans ses vues et ses objectifs, exempte de clergé professionnel, n'ayant qu'une seule croyance, suivant une seule loi, animée d'un seul but, organiquement unifiée grâce à son ordre administratif divinement prescrit et unique par ses caractéristiques, comprenant dans son cercle des représentants des principales religions du monde ainsi que de diverses classes et races, fidèle à ses obligations civiles, consciente de ses responsabilités civiques autant que des dangers affrontés par la société dont elle faisait partie, elle partageait les souffrances de cette société et avait confiance en sa propre, sa haute destinée.

Le noyau de cette communauté avait été formé par le Báb, peu après la nuit où il avait déclaré sa mission à Mullà Husayn, à Shiráz. Une clameur unanime à laquelle avaient pris part le sháh, son gouvernement, son peuple et toute la hiérarchie ecclésiastique de son pays, avait accueilli sa naissance. Une détention cruelle, dans les montagnes de l'Adhirbàyjàn, avait promptement frappé son jeune fondateur, presque au retour de son pèlerinage à La Mecque. Dans la solitude de Màh-Kù et de Chihriq, il avait élaboré son covenant, formulé ses lois, et transmis à la postérité la majeure partie de ses innombrables écrits. Dans le hameau de Badasht, une réunion de ses disciples, dirigée par Bahá'u'lláh, avait, dans de dramatiques circonstances, abrogé les lois de l'islám et inauguré la nouvelle dispensation. A Tabriz, en présence de l'héritier du trône et des principaux dignitaires ecclésiastiques de l'Adhirbàyjàn, il avait proclamé publiquement et sans réserves qu'il n'était autre que le Promis, le Qà'im tant attendu. A Mázindarán, Nayriz ' Zanjàn et Tihrán, des tempêtes d'une violence dévastatrice avaient décimé les rangs de ses fidèles et l'avaient privé de ses plus nobles et de ses plus valeureux défenseurs. Il avait dû assister lui-même à l'anéantissement pratique de sa foi et à la perte de la plupart des Lettres du Vivant, et après avoir enduré toute une suite d'amères humiliations, il avait été fusillé par un peloton d'exécution, dans la cour de la caserne de Tabriz. Un bain de sang d'une exceptionnelle férocité, dans lequel avait péri la plus grande héroïne avait, de plus, privé sa foi de ses adhérents, avait pris la vie de son fidèle secrétaire, dépositaire de ses dernières volontés, et avait jeté Bahá'u'lláh dans les profondeurs du plus infect cachot de Tihrán.

Dans l'atmosphère pestilentielle du Siyáh-Chàl, neuf ans après cette déclaration historique, le message proclamé par le Báb avait porté ses fruits, sa promesse avait été tenue, et la plus importante, la plus glorieuse période de l'âge héroïque de l'ère Bahá'í avait commencé.

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Le bannissement précipité de Bahá'u'lláh en 'Iráq, sur l'ordre du sháh Nàsiri'd-Din, sa retraite soudaine dans les montagnes du Kurdistàn, ainsi que la dégradation et la confusion qui régnaient parmi les survivants de ses fidèles disciples de la communauté persécutée de Baghdád, avaient eu pour résultat une éclipse momentanée du Soleil de Vérité, le plus grand des flambeaux du monde paru depuis peu. Un renversement de la situation, qui empirait rapidement, s'était fait sentir après son retour d'une retraite de deux années, amenant alors un renouveau, une réforme des moeurs de cette communauté,

rehaussant son prestige et enrichissant sa doctrine, renversement qui avait atteint son apogée lorsque, au jardin de Najibiyyih, Bahá'u'lláh déclara sa mission à ses compagnons présents, à la veille de son exil à Constantinople.

A Andrinople, une autre crise - la plus grave qu'une foi en lutte était destinée à subir au cours de son histoire -, provoquée par la rébellion du successeur nominal du Báb, par ses iniquités et celles du mauvais génie qui l'avait séduit, avait presque brisé les forces récemment affermies de la foi, et failli détruire, dans un baptême de feu, la communauté du très grand Nom que Bahá'u'lláh avait appelée à l'existence. Débarrassée de la souillure de cette "super-Idole", immuable sous le coup de la convulsion qui l'avait saisie, une foi indestructible avait désormais surmonté, grâce à la force du covenant institué par le Báb, les plus formidables obstacles qu'elle devait jamais rencontrer; et en cette heure même, elle parvenait à l'apogée de sa gloire par la proclamation de la mission de Bahá'u'lláh faite aux rois, aux gouvernants et aux chefs ecclésiastiques de l'Orient et de l'Occident. Suivant de près cette victoire sans précédent, les souffrances de Bahá'u'lláh atteignaient leur suprême degré par un bannissement à la colonie pénitentiaire d'Akká, sur ordre du sultàn 'Abdu'l-'Aziz. Cet exil avait été salué par des ennemis vigilants comme le signal de l'extermination définitive d'un adversaire haï et très redouté, et dans cette ville fortifiée, désignée par Bahá'u'lláh comme sa "plus grande prison", cette foi avait été frappée, du dedans et du dehors, d'afflictions comme elle n'en avait encore jamais endurées. Malgré tout, la rédaction des lois et ordonnances d'une dispensation nouvelle, l'exposition et la réaffirmation de ses principes fondamentaux - chaîne et trame d'un ordre administratif futur - avaient, malgré ce flot de tribulations, permis à une révélation qui mûrissait lentement de parvenir à une stade plus avancé et de porter son plus beau fruit.

L'ascension de Bahá'u'lláh avait plongé ses loyaux défenseurs dans le chagrin et la consternation; elle avait ravivé les espoirs des traîtres à sa cause qui s'étaient rebellés contre son autorité dévolue par Dieu, et elle avait réjoui et encouragé ses adversaires politiques et ecclésiastiques. L'instrument qu'il avait forgé, ce covenant institué par ses soins, avait

canalisé, après sa mort, les forces qu'il avait libérées au cours d'un ministère de quarante années; il avait préservé l'unité de sa foi et donné l'impulsion requise pour l'entraîner vers l'accomplissement de sa destinée.

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La proclamation de ce nouveau covenant avait été suivie d'une autre crise, provoquée par un de ses propres fils auquel, selon les clauses de ce document, avait été conféré un rang que nul ne dépassait sauf le Centre du covenant lui-même. Poussée par les forces que la révélation de ce document immortel et unique avait fait naître, une foi impossible à entamer (qui avait remporté sa première victoire sur les briseurs du covenant) avait, sous la direction d'Abdu'l-Bahá, rayonné en Occident, éclairé les frontières occidentales de l'Europe, dressé son étendard au cœur de l'Amérique du Nord, et elle avait déclenché une suite d'événements qui allaient se terminer avec le transfert, en Terre sainte, de la dépouille mortelle de son précurseur, qui fut déposée dans un mausolée sur le mont Carmel, et avec la construction de sa première maison d'adoration au Turkistàn russe. Une crise d'importance primordiale, suivant de près les remarquables victoires remportées des deux côtés du monde, crise imputable aux intrigues abominables de Archi briseur du covenant de Bahá'u'lláh et aux ordres du tyran 'Abdu'l-Hamid, avait exposé, pendant plus de sept ans, le cœur - et centre - de la foi, à un danger menaçant; elle avait rempli les fidèles d'anxiété et de peine, et retardé l'exécution des entreprises conçues pour la répandre et l'affermir. Les voyages historiques d'Abdu'l-Bahá en Europe et en Amérique, effectués peu après la chute de ce tyran' et l'effondrement de son régime, avaient porté un rude coup aux briseurs du covenant; ils avaient consolidé la tâche colossale qu'il avait commencée dans les premières années de son ministère, élevé le prestige de la foi de son père à des sommets jamais atteints auparavant; ils avaient permis de proclamer partout les vérités de la foi, et préparé la voie pour répandre ses lumières en Extrême-Orient et jusqu'aux antipodes. Une autre crise de grande importance - la dernière que la foi devait subir au centre mondial - provoquée par Jamàl, le cruel pacha, et aggravée par les angoisses et les privations d'une guerre mondiale dévastatrice et par la rupture des communications qu'elle entraînait, avait menacé le chef de la foi d'un danger encore plus grave, ainsi que les sanctuaires les plus saints renfermant les restes des deux fondateurs jumeaux. Pendant les dernières années du ministère d'Abdu'l-Bahá, les tablettes du Plan divin, révélées aux jours sombres de cette lutte tragique, avaient confié aux membres de la principale communauté Bahá'í de l'Ouest - championne du futur ordre administratif - une mission mondiale qui, dans les années finales du premier siècle Bahá'i, devait jeter une gloire immortelle sur la foi et sur ses institutions administratives. L'issue de ce long et pénible conflit avait frustré les espérances de ce tyran militariste et lui avait infligé une honteuse défaite; elle avait éliminé, une fois pour toutes, le danger qui avait plané pendant soixante-cinq ans sur le fondateur de la foi et sur le Centre de son covenant, réalisant les prophéties des écrits de Bahá'u'lláh, rehaussant davantage encore le prestige de la foi et de son chef, et elle s'était signalée par la propagation du message sur le continent australien.

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La disparition soudaine d'Abdu'l-Bahá, marquant la fin de l'âge primitif de la foi, avait, comme au moment de l'ascension de son père, plongé ses fidèles disciples dans le chagrin et la consternation, donnant de nouveaux espoirs aux partisans toujours moins nombreux de Mirza Yahyá et de Mirza Muhammad-'Ali, et réveillant les activités fiévreuses des adversaires politiques et ecclésiastiques qui, tous, s'attendaient au démembrement immédiat des communautés que le Centre du covenant avait tant inspirées et si habilement dirigées. La publication officielle de son testament inaugurant l'âge de formation de l'ère Bahá'i, charte qui définissait les caractéristiques d'un ordre que le Báb avait annoncé, dont Bahá'u'lláh avait eu la vision et dont il avait formulé les lois et les principes, avait jeté ces communautés d'Europe, d'Asie, d'Afrique et d'Amérique dans une action commune, leur permettant de construire et de consolider la structure de cet ordre en établissant des assemblées locales et nationales, et en élaborant leurs constitutions, en s'assurant, dans plusieurs pays, de la reconnaissance de ces institutions par les autorités civiles, en établissant des quartiers généraux administratifs, en construisant la première maison d'adoration d'Occident, en posant les fondations de la foi et en élargissant leur rayon d'action, et en obtenant des pouvoirs civils la reconnaissance. pleine et entière du caractère religieux de ces fondations au centre mondial ainsi qu'en Amérique du Nord.

Tandis que ce formidable travail - l'établissement des fondations de l'ordre administratif mondial Bahá'í - était entrepris, une cour ecclésiastique musulmane d'Egypte avait, par un jugement sévère, historique, expulsé officiellement de l'islám tous les adhérents à la foi Bahá'í d'origine musulmane; elle les avait condamnés comme hérétiques, et avait mis les membres d'une communauté proscrite en face d'épreuves et de dangers d'une nature inconnue d'eux jusqu'alors. La décision injuste prise, à l'instigation des ennemis shi'ah, par un tribunal civil de Baghdád, en 'Iráq, et le décret rendu en Russie par un adversaire encore plus redoutable avaient, par ailleurs, soustrait à la foi l'un de ses centres de pèlerinage les plus sacrés, et l'avaient privée de sa première maison d'adoration, due à l'initiative d'Abdu'l-Bahá et construite pendant son ministère. Et finalement, inspirés par cette déclaration inattendue émise par un ennemi invétéré - déclaration qui marquait la première étape de la marche de la foi vers une émancipation complète -, imperturbables sous ce double coup porté aux institutions, les fidèles de Bahá'u'lláh, déjà unis et amplement pourvus d'organismes administratifs solidement établis, s'étaient levés pour couronner les exploits immortels du premier siècle Bahá'i.

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Ils avaient soutenu le caractère indépendant de leur foi, appliqué les lois fondamentales prescrites dans leur très saint Livre, demandé, et dans quelques cas, réussi à être reconnus par les autorités comme des croyants de religion indépendante, et obtenu du plus grand tribunal du inonde qu'il condamnât l'injustice qu'ils avaient subie aux mains de leurs persécuteurs; ils avaient établi leur résidence dans trente-quatre nouveaux pays au moins et dans treize protectorats, distribué la littérature sur la foi en vingt-neuf langues nouvelles, accueilli une reine dans les rangs des défenseurs de leur cause, et enfin, ils avaient commencé une entreprise qui leur permit, tandis que la fin de ce siècle approchait, de terminer la décoration extérieure de leur seconde maison d'adoration, et de donner une heureuse conclusion à la première étape du plan de propagation mondiale et systématique de leur foi, conçu par 'Abdu'l-Bahá.

Un retour en arrière sur les événements tumultueux de ce siècle montre que les rois, les empereurs et les princes de l'Orient comme ceux de l'Occident avaient, soit ignoré les appels des fondateurs de la foi, soit tourné leur message en dérision, soit encore ordonné l'exil et le bannissement de ces fondateurs, persécuté sauvagement leurs fidèles ou tenté avec acharnement de discréditer leurs enseignements. La colère du Tout-Puissant les frappa; beaucoup d'entre eux perdirent leur trône, certains virent leur dynastie s'éteindre, quelques-uns furent assassinés ou couverts de honte, d'autres furent impuissants devant la désagrégation catastrophique de leurs royaumes, d'autres encore furent rétrogradés, n'occupant plus que des positions secondaires dans leurs propres pays. Le calife, ennemi insigne de la foi, qui avait brandi l'épée contre le fondateur de la foi, et à trois reprises avait donné l'ordre de le bannir, mordit la poussière, et son effondrement déshonorant rappelle le sort identique que la hiérarchie juive, principale persécutrice de Jésus-Christ, avait enduré il y a presque deux mille ans, au premier siècle de l'ère chrétienne, de la part de ses maîtres romains. Des membres de divers ordres sacerdotaux, shi'ah, sunnite, zoroastrien et chrétien, avaient furieusement attaqué la foi, traité ses défenseurs comme des hérétiques, et travaillé sans relâche à disloquer son organisation et à saper ses fondements. Les plus redoutables et les plus hostiles parmi ces ordres furent renversés ou pratiquement démembrés, d'autres virent décliner rapidement leur prestige et leur influence, et tous eurent à subir le choc d'une puissance séculaire, agressive, déterminée à réduire leurs privilèges et affirmer sa propre autorité. Des apostats, des rebelles, des traîtres, des hérétiques avaient fait tous leurs efforts, ouvertement ou en secret, pour miner la fidélité des croyants de cette foi, pour les diviser ou attaquer leurs institutions. Un par un, ces ennemis furent confondus, dispersés, balayés et oubliés, petit à petit pour certains, avec une rapidité dramatique pour d'autres. Bon nombre de gens s'étaient permis de sortir de l'ombre de la foi: Personnalités marquantes, disciples de première heure, champions des plus notables, fidèles et compagnons d'exil des fondateurs, secrétaires généraux et secrétaires particuliers de l'auteur et du Centre de son covenant, y compris même quelques parents de la manifestation elle-même, sans oublier le successeur nominal du Báb et le fils de Bahá'u'lláh dont il parla dans le livre de son covenant; ils avaient jeté l'opprobre sur la foi par des actes d'infamie ineffaçables, et provoqué des crises d'une ampleur jamais atteinte par aucune religion dans le passé.

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Tous, sans exception, furent déchus des enviables positions qu'ils occupaient; un grand nombre d'entre eux vécurent assez longtemps pour assister à l'échec de leurs projets, d'autres tombèrent dans l'avilissement et la misère, et tous furent dans l'impuissance absolue d'altérer l'unité ou d'arrêter la marche de la foi qu'ils avaient si honteusement trahie. Ministres, ambassadeurs et autres dignitaires d'Etat avaient comploté avec persistance pour dénaturer son but, s'efforçant méchamment de détruire ses fondements, et avaient machiné les exils successifs de ses fondateurs. Par leurs complots, ils avaient, sans le savoir, provoqué leur propre chute, perdu la confiance de leurs souverains, bu jusqu'à la lie la coupe de la disgrâce, et irrévocablement fixé leur propre sort. L'humanité elle-même, pervertie et totalement indifférente, avait refusé de prêter l'oreille aux appels et avertissements réitérés lancés par les deux fondateurs jumeaux de la foi, et transmis plus tard par le Centre du covenant dans ses discours publics en Occident. Elle s'était jetée dans deux guerres dévastatrices d'une gravité sans précédent, qui déréglèrent l'équilibre de la société, fauchèrent sa jeunesse, et qui l'ébranlèrent jusqu'en ses racines. Par contre, grâce a leur fidélité à une cause aussi puissante et à leur réponse à ses appels, les faibles, les obscurs et les opprimés avaient pu accomplir des exploits d'une valeur et d'un héroïsme tels qu'ils égalèrent, et dans certains cas firent pâlir, les prouesses de ces hommes et de ces femmes d'une renommée immortelle, dont les noms et les actes rehaussent les annales spirituelles de l'humanité.

Malgré les atteintes portées à sa force naissante, au dehors par les détenteurs de l'autorité temporelle et spirituelle, et au dedans par des ennemis au cœur ténébreux, la foi de Bahá'u'lláh, loin de se briser ni de fléchir, était devenue de plus en plus forte et avait avancé de victoire en victoire. A vrai dire, lue convenablement, son histoire peut être considérée comme se résumant en une série de pulsations, de crises et de triomphes alternés qui la menèrent toujours plus près de sa destinée divinement fixée. Au déchaînement de fanatisme sauvage qui accueillit la naissance de la révélation proclamée par le Báb, à l'arrestation de celui-ci et à sa captivité ensuite, avaient suivi la rédaction des lois de sa dispensation, l'institution de son covenant, l'inauguration de cette dispensation, à Badasht, et la revendication publique de son rang, à Tabriz. Aux soulèvements généralisés, encore plus violents dans les provinces, à l'exécution du Báb lui-même, à l'effusion de sang qui suivit celle-ci et à l'emprisonnement de Bahá'u'lláh dans le Siyáh-Chàl, avaient succédé le lever de l'aube de la révélation Bahá'i, dans ce cachot. Après le bannissement de Bahá'u'lláh en 'Iráq, sa retraite dans le Kurdistàn, le trouble et la détresse qui s'emparèrent de ses condisciples à Baghdád, on avait assisté à la restauration de la communauté Bábi, qui avait abouti à la déclaration de la mission de Bahá'u'lláh au jardin de Najibiyyih.

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Au décret du sultàn 'Abdu'l-'Aziz, l'invitant à se rendre à Constantinople, et à la crise provoquée par Mirza Yahyá avait succédé la proclamation de cette mission, aux têtes couronnées et aux chefs ecclésiastiques de la terre. L'exil de Bahá'u'lláh à la colonie pénitentiaire d'Akká, avec tous les tourments et souffrances qu'il entraîna, avait à son tour abouti à la promulgation des lois et ordonnances de sa révélation et à l'institution de son covenant, dernier acte de sa vie. Après les épreuves atroces dues à la rébellion de Mirza Muhammad 'Ali et de ses associés, la foi de Bahá'u'lláh avait été introduite en Occident, et les restes mortels du Báb avaient été transférés en Terre sainte. Le nouvel emprisonnement d'Abdu'l-Bahá ainsi que les dangers et les inquiétudes qui en découlaient avaient mené à la chute d'Abdu'l-Hamid, à la libération d'Abdu'l-Bahá, à l'ensevelissement de la dépouille mortelle du Báb sur le mont Carmel, et aux voyages triomphaux du Centre du covenant lui-même, en Europe et en Amérique. Le début d'une guerre mondiale dévastatrice et l'aggravation des dangers auxquels le pacha jamàl et les briseurs du covenant avaient exposé 'Abdu'l-Bahá avaient amené la révélation des tablettes du Plan divin, la fuite de ce commandant autoritaire et la libération de la Terre sainte, un rehaussement du prestige de la foi au centre mondial et une expansion sensible des activités dans les deux parties du monde. Le décès d'Abdu'l-Bahá et la perturbation provoquée par cette disparition avaient été suivis par la publication de son testament, l'inauguration de l'âge de formation de l'ère Bahá'í et l'établissement des bases d'un ordre administratif d'une portée mondiale. Et finalement, à la mainmise des briseurs du covenant sur les clefs du tombeau de Bahá'u'lláh, à l'occupation forcée de sa maison de Baghdád, par la communauté shi'ah, au déchaînement des persécutions en Russie et à l'expulsion de la communauté Bahá'í d'Egypte hors du sein de l'islám, avaient succédé l'affirmation publique, par les fidèles d'Orient et d'Occident, du statut religieux indépendant de la foi, l'acceptation de ce statut à son centre mondial, le jugement du Conseil de la Société des Nations attestant le bien-fondé des revendications de la foi, l'agrandissement remarquable du champ des activités pour l'enseignement international ainsi que l'enrichissement de la littérature Bahá'i, les témoignages de foi qu'une personnalité royale donna sur l'origine divine de cette cause, et l'achèvement de la décoration extérieure de la première maison d'adoration, dans le monde occidental.

Les épreuves qui accompagnèrent le développement progressif de la foi de Bahá'u'lláh ont certes dépassé en gravité celles que les religions précédentes ont endurées. A la différence de celles-ci cependant, ces épreuves ne réussirent aucunement à entamer Son unité ni à créer, même momentanément, une brèche dans les rangs des croyants. Non seulement elle a survécu à ces rudes expériences, mais elle en est sortie purifiée et inviolée, douée d'une capacité plus grande pour affronter et surmonter toute crise que sa marche irrésistible pourrait engendrer dans l'avenir.

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Certes, des tâches considérables furent accomplies et de grandioses victoires furent remportées en l'espace d'un siècle par cette foi durement éprouvée, mais cependant invincible. Ses tâches inachevées et ses victoires à venir, telles qu'elles se présentent au seuil du second siècle Bahá'i, sont encore plus grandes. Dans la courte période des cent premières années de son existence, elle réussit à répandre sa lumière sur cinq continents, à installer ses avant-postes dans les coins les plus reculés de la terre, établir son covenant avec toute l'humanité sur une base inébranlable, édifier la structure de son ordre administratif mondial, rejeter de nombreuses chaînes qui empêchaient son émancipation totale et sa reconnaissance universelle, enregistrer ses premières victoires sur ses adversaires royaux, politiques et ecclésiastiques, et lancer la première de ses croisades systématiques pour la conquête spirituelle de toute la planète.

Toutefois, l'institution qui remplira ses fonctions dans un lieu tout proche du centre spirituel mondial, dernière étape dans la construction du cadre de l'ordre administratif de la foi, est encore à fonder. (Cette institution suprême, la Maison Universelle de Justice, a été pour la première fois, élue le 21 avril 1963, par les membres des assemblées nationales Bahá'í de tous les

pays du monde, rassemblés à Haïfa, le centre mondial). La foi elle même n'est pas complètement débarrassée des chaînes de l'orthodoxie religieuse, condition préalable essentielle à sa reconnaissance universelle et à l'avènement de son ordre mondial. Il reste à lancer une série de campagnes destinées à étendre, conformément au plan d'Abdu'l-Bahá, l'action bienfaisante de son organisation à tous les pays et à toutes les îles où les bases fondamentales de son ordre administratif ne sont pas établies. L'étendard de Yá Bahá'u'l-Abhá qui, comme le prédit 'Abdu'l-Bahá, flottera au pinacle du siège le plus avancé de la culture dans le monde de l'islám, n'est pas déployé. La demeure suprême, destinée à devenir un centre de pèlerinage, comme l'ordonne Bahá'u'lláh dans son Kitáb-i-Aqdas, n'est pas libérée jusqu'à présent. Le troisième Mashriqu'l-Adhkár, qui sera dédié à la gloire de Bahá'u'lláh et dont l'emplacement vient d'être acheté, ainsi que les dépendances des deux maisons d'adoration déjà érigées dans l'Est et dans l'Ouest ne sont pas édifiés(En 1976, six maisons d'adoration ont été construites : sur les continents asiatique, américain, africain, australien, européen et en Amérique latine). La partie supérieure du mausolée du Báb, le dôme qui, d'après 'Abdu'l-Bahá, doit couronner ce monument, n'est pas encore construite (Ce tombeau est complètement terminé depuis 1950).

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La codification du Kitáb-i-Aqdas, livre mère de la révélation Bahá'i, et la promulgation systématique des lois et ordonnances ne sont pas même commencées (Une 1ère publication de certaines parties des textes législatifs du livre de lois de Bahá'u'lláh a été faite, en anglais, par la Maison Universelle de justice, en 1973). Les premières mesures en vue de créer des tribunaux Bahá'i, investis du droit légal d'appliquer et de faire exécuter ces lois et ordonnances, sont encore à prendre. La restitution du premier (Ce 1er édifice, construit sous l'égide d'Abdu'l-Bahá et confisqué en 1938 par les autorités russes, a finalement été détruit en 1948 par un tremblement de terre). Mashriqu'l-Adhkár et le rétablissement de la communauté qui le construisit avec un si grand dévouement doivent être opérés. Le souverain annoncé dans le très saint Livre de Bahá'u'lláh, qui rehaussera l'éclat de la couronne dans son pays natal, qui étendra l'ombre de sa protection royale sur les croyants Bahá'í longtemps persécutés, n'est toujours pas découvert. La lutte qui, comme le prédit Abdu'l-Bahá, suivra forcément les attaques lancées de concert par les chefs de religions, jusqu'ici indifférents aux progrès de la foi, n'a pas encore eu lieu. L'âge d'or de la foi lui-même, qui, sous l'influence et l'impulsion des énergies créatrices libérées par l'ordre mondial de Bahá'u'lláh, doit voir l'unification de tous les peuples et de toutes les nations du monde, l'établissement de la paix suprême, l'instauration du royaume du Père sur la terre, la naissance de l'âge mûr pour toute la race humaine et l'avènement d'une civilisation mondiale, cet âge d'or, éclatant d'une splendeur estivale, n'est pas encore né, et ses merveilles ne peuvent être soupçonnées.

Quoi qu'il puisse arriver à cette foi de Dieu, encore dans l'enfance, au cours des futures décennies ou dans la suite des siècles, quels que soient les tristesses, les dangers et les adversités que déclenchera la prochaine phase de son développement mondial, quelle que soit l'origine des attaques que ses ennemis présents ou futurs puissent déchaîner contre elle, si grands soient les revers et les retours en arrière qu'elle subira, nous, qui avons eu le privilège de comprendre, selon la profondeur de nos esprits limités, la signification de ces prodigieux événements contemporains de sa naissance et de son établissement, nous ne pouvons absolument pas douter que l'oeuvre déjà accomplie pendant les cent premières années de son existence soit suffisante pour garantir que cette foi continuera d'aller de l'avant, s'élevant à des plans supérieurs, abattant tous les obstacles, découvrant de nouveaux horizons, et remportant des victoires encore plus grandioses jusqu'à ce que sa mission glorieuse, se poursuivant à travers la nuit des temps à venir, soit totalement accomplie.


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